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Les banques africaines engagées pour l’entrepreneuriat féminin

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Former les dirigeantes d’entreprises de demain et faciliter leurs accès à des sources de financement, c’est participer à leur éducation et veiller à ce que leur environnement familial facilite leur émancipation financière.

Les très petites entreprises (TPE) ainsi que les petites et moyennes entreprises (PME) sont essentielles à l’émergence économique de notre continent. Elles représentent 90% des entreprises africaines, 70% de l’emploi en Afrique subsaharienne et contribuent au PIB africain à hauteur de 20%. Le continent ne saurait se relever de la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 sans l’implication de nos entreprises locales. Ce sont ces jeunes pousses présentes sur l’ensemble de nos chaines de valeur qui permettent à l’Afrique de renouveler ses capacités de production et de transformation locales. Ce sont également elles qui, même lorsqu’elles sont composées d’une poignée d’employés seulement, facilitent l’émergence de champions régionaux.

Pourtant, le potentiel des TPE et PME africaines reste en grande partie inexploité car leur accès aux sources de financement est encore un défi. Les volumes de prêts à ces entreprises demeurent plus limités en Afrique car faute de garantie, ces PME ne peuvent pas accéder aux crédits à des coûts attractifs.

Les établissements bancaires ont donc un rôle d’une importance cruciale à jouer auprès des PME africaines. Elles peuvent, avec l’aide de bailleurs de fonds, de partenaires financiers et grâce à une stratégie RSE coordonnée, faciliter le financement de ces entreprises. Cela est possible notamment via l’obtention de lignes de financement avec des partenaires internationaux de renom, dont la Société Financière Internationale (SFI), filiale de la Banque Mondiale.

En 2018, la banque congolaise Rawbank a ainsi été choisie par la SFI comme première institution financière privée à recevoir et dispenser la formation « Business Edge », dédiée aux PME en Afrique Centrale. Cette formation vise à renforcer les capacités des entrepreneurs, des dirigeants et du personnel des PME, afin de faciliter leur accès au financement et améliorer les outils de gestion et les modes de management des entreprises. Les dispositifs tels que celui-ci sont essentiels, car ils permettent d’accompagner ces petites entreprises dans leur développement et dans leurs projets d’expansion. Le Groupe Standard Bank a ainsi lancé un incubateur d’entreprise ayant permis de dispenser des formations à plus de 2 000 PME au Ghana, au Lesotho, mais également au Mozambique ou en Afrique du Sud. Ces mécanismes, lorsque mis en œuvre par les banques africaines, sont ceux qui permettront la création d’un tissu économique fort et capable de participer à la croissance de notre continent.

Pour ces établissements bancaires, accompagner les PME peut également s’inscrire dans une démarche de RSE plus globale. Le continent africain est à la pointe de l’entrepreneuriat féminin, puisqu’il compte le plus grand nombre d’entrepreuneuses au monde : d’après une étude du cabinet Rolland Berger, 24% des femmes africaines en âge d’exercer un emploi sont impliquées dans la création d’entreprises et l’entrepreneuriat féminin engendrerait entre 250 et 300 milliards de dollars américains, soit environ 12 à 14% du PIB du continent. Pourtant, ces données révèlent également une réalité liée aux inégalités du genre, encore trop prégnantes dans nos pays. Les femmes entrepreneures doivent en effet faire face à des difficultés auxquels ne sont pas confrontés leurs confrères masculins : les préjugés culturels sont souvent des freins, les formations qui leurs sont dispensées sont inadaptées, l’accès au financement est rendu plus difficile encore que pour les hommes et lorsqu’elles parviennent à surmonter ces obstacles et réaliser un bénéfice, ceux-ci sont en moyenne 34% inférieurs à ceux des hommes selon la Banque Mondiale.

Or, l’entrepreneuriat féminin est aussi un levier de développement durable : l’Objectif de Développement Durable 5 de l’ONU vise en effet à parvenir à l’égalité des sexes et à autonomiser les femmes et les filles. Former les dirigeantes d’entreprises de demain et faciliter leurs accès à des sources de financement, c’est participer à leur éducation et veiller à ce que leur environnement familial facilite leur émancipation financière. Là encore, les banques africaines ont un rôle de premier plan à jouer. Certaines l’ont d’ores et déjà compris. C’est le cas de Cofina, dont la clientèle est composée à 50% de femmes et qui a procédé à l’acquisition de Mimoye Finance, institution de Microfinance dédiée au financement des femmes entrepreneures en 2019. Alors que dans certains pays du continent, les lois n’autorisent les femmes à ouvrir un compte sans l’autorisation de leurs maris que depuis quelques années, nombreux sont les établissements proposant des programmes de financement exclusivement dédiés aux femmes. Ces derniers accompagnent les femmes entrepreneures dans le démarrage et la gestion de leur entreprise et leur proposent un accompagnement et des formations sur les questions financières et managériales. En République démocratique du Congo, le programme Lady’s First, créé par Rawbank célèbre cette année son 10e anniversaire. Exclusivement dédié à la femme entrepreneure, il a pour objectif d’accompagner les dirigeantes d’entreprises dans le démarrage et la gestion de leurs activités. De plus, les femmes accompagnées bénéficient d’offres bancaires spécifiques, Rawbank leur facilitant l’accès aux financements.

Qu’elles soient dirigées par des hommes ou des femmes, les PME participent fortement à l’émergence économique africaine. Affaiblies par la pandémie de la Covid-19, ces entreprises ont, plus que jamais, besoin de mécanismes de financement mis en œuvre par des banques africaines qui les placent au cœur de leur stratégie RSE. Les banques sont parmi les structures du continent les plus aptes à accompagner la croissance du tissu économique local. C’est une mission qu’elles ont vocation à intégrer au sein de leur stratégie RSE, quel que soit le pays où elles mènent des activités.

Source : La Tribune