Hormis les vols cargo, la quasi-totalité des compagnies aériennes est au bord de l’insolvabilité à cause de l’épidémie de coronavirus.
95 % de la flotte aérienne africaine clouée au sol
Les compagnies aériennes du monde entier sont dans une position extrêmement difficile et ont besoin d’un soutien massif. L’aviation africaine ne fait pas exception. C’est ce qu’a conclu l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) qui compte 45 compagnies membres sur le continent. Une large partie des pays africains ont fermé leurs aéroports et leurs frontières à cause de la pandémie, contraignant les compagnies à annuler aussi bien les vols interafricains que vers les autres continents. « Si les compagnies aériennes africaines ne reçoivent pas de soutien, elles vont se retrouver en situation d’insolvabilité d’ici fin juin », selon Abderrahmane Berthé, secrétaire général de l’Afraa. Il estime que 2,5 à 3 milliards de dollars (entre 2,3 et 2,8 milliards euros) sont nécessaires, à travers des aides financières ou des allègements de taxes et charges.
« Les compagnies africaines, bien avant la pandémie de Covid-19, étaient déjà dans une situation difficile. Elles perdaient de l’argent depuis dix ans alors que les autres compagnies dans le reste du monde gagnaient de l’argent. Cette crise est venue accentuer les difficultés », explique-t-il. « Depuis deux semaines, c’est une grande catastrophe pour les compagnies africaines dont les avions ne décollent plus. Elles n’ont plus de revenus, dans le même temps elles subissent des coûts incompressibles » (location des avions, maintenance, assurances, frais de parking), ajoute-t-il. Les 45 compagnies membres de l’Afraa représentent 85 % du trafic interafricain avec 93 millions de passagers par an. Mais l’Afrique ne représente que 2 % du transport aérien mondial, mais le trafic double tous les 15 à 20 ans.
Le dollar américain fait son retour. Déjà acculés par une grave crise économique qui dure depuis des années, les autorités du Zimbabwe ont annoncé la réintroduction de l’usage des devises étrangères pour les transactions commerciales dans l’espoir notamment de limiter les effets de la pandémie de coronavirus sur son économie. Cette décision vise à « réduire l’impact dévastateur du Covid-19 sur l’économie et la société zimbabwéennes », a expliqué le gouverneur de la banque centrale, John Mangudya, dans un communiqué publié jeudi soir.
Le Zimbabwe est englué depuis vingt ans dans une grave crise économique et financière. Le gouvernement avait renoncé à sa monnaie nationale en 2009 pour stopper sa dévaluation continue et l’inflation galopante, au profit du dollar américain. Mais les précieux billets verts se sont faits de plus en plus rares, au point d’engendrer l’arrêt de l’économie tout entière, contraignant la population au troc et au commerce informel. Le dollar zimbabwéen a donc été réintroduit l’an dernier et le dollar américain interdit, sans plus d’effet puisque l’inflation a atteint un pic de plus de 500 % le mois dernier. Mais l’économiste Godfrey Kanyenze a toutefois estimé que l’épidémie de coronavirus n’était qu’une excuse. « Lors d’une discussion, il y a deux semaines, les partenaires sociaux ont tous reconnu que le dollar zimbabwéen était voué à l’échec et le gouvernement a tacitement approuvé », a déclaré à l’AFP M. Kanyenze, assurant que le retour du dollar américain était définitif.
Révision à la baisse du PIB en Afrique. La croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique pourrait chuter à 1,8 % en 2020, en raison de la crise sanitaire mondiale liée au Covid-19, a estimé la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) dans un communiqué publié jeudi. La croissance du PIB de l’Afrique pourrait passer de 3,2 % à 1,8 % en 2020, a estimé l’agence onusienne, précisant que cette révision à la baisse du PIB en Afrique tient compte de tous les impacts du ralentissement de l’économie mondiale sur la croissance africaine. « En revanche, s’il y a une expansion importante de la pandémie en Afrique, ce qui n’est pas le cas pour l’instant, les projections, voire une récession, pourraient s’aggraver », a déclaré Rolf Traeger, chef de la section sur les pays les moins avancés (PMA) à la Cnuced. La pandémie de Covid-19 aurait un impact négatif très direct sur les exportations, sur la croissance économique et sur les emplois en Afrique, a-t-il averti, ajoutant que les pays exportateurs de pétrole, tels que le Nigeria, l’Algérie, l’Angola et la Libye, pourraient être les plus affectés alors que les cours de l’or noir sont en chute libre. Les pays africains qui ne sont pas de grands exportateurs en volume risquent également d’être touchés par une éventuelle chute du commerce extérieur, a-t-il poursuivi. « Ce ne sont pas de grands exportateurs de pétrole, mais leurs économies sont très fortement tributaires des exportations de pétrole », a fait remarquer M. Traeger.
L’Afrique du Sud pleure ses premiers morts. Quelques heures après son entrée dans une période de confinement national de trois semaines, le pays a annoncé ce vendredi 27 mars les décès de deux personnes atteintes du coronavirus. « Nous avons enregistré nos premiers morts du Covid-19. Deux personnes sont mortes dans la province du Cap-Occidental » (Sud-Ouest), a déclaré le ministre de la Santé Zweli Mkhize, ajoutant que le nombre de cas « a passé la barre du millier ». Le pays le plus industrialisé d’Afrique est, de loin, le plus touché du continent depuis l’apparition du Covid-19 en Chine en décembre. Face à la progression exponentielle de la maladie, le président Cyril Ramaphosa a imposé à ses 57 millions de concitoyens de rester chez eux pendant trois semaines. L’ordre est entré en vigueur dans tout le pays vendredi à minuit (22 heures GMT jeudi), diversement respecté. Aux premières heures de la matinée, des dizaines d’habitants de la principale ville du pays, Johannesburg, continuaient, comme si de rien n’était, à se presser en files compactes pour monter à bord des minibus ou faire leurs courses dans les supermarchés, a constaté une journaliste de l’AFP. Les barrages de la police et de l’armée se sont lentement mis en place dans la ville pour contrôler le trafic automobile, proche de celui d’un dimanche matin. En Afrique, seuls la Tunisie, le Rwanda et l’île Maurice se sont jusque-là engagés sur cette voie radicale, tant ses conséquences économiques et sociales sur des populations pauvres et privées de services de base semblent risquées.
La RDC se prépare pour le confinement. Et c’est d’abord les dix millions d’habitants de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, qui seront placés dès ce samedi 28 mars en confinement « intermittent » pour trois semaines. C’est le gouverneur de la plus grande ville d’Afrique francophone Gentiny Ngobila qui en a fait l’annonce. Le premier confinement total va intervenir du samedi 28 au mardi 31 mars inclus, pendant quatre jours. « Le mercredi 1er avril et jeudi 2 avril, les Kinois seront autorisés à circuler pour s’approvisionner. S’en suivront encore quatre jours de confinement total. Cette rotation se poursuivra pendant trois semaines », détaille le gouverneur. « La ville de Kinshasa compte à ce jour 54 cas positifs, dont 5 décès, et plus de 2 000 cas contacts », poursuit-il en citant « les derniers rapports de l’Institut national de recherche bio-médicale ». Mardi soir, le chef de l’État Félix Tshisekedi avait annoncé des mesures d’isolement de Kinshasa, pour éviter la propagation du Covid-19 dans l’intérieur du pays (suspension des liaisons aériennes, fluviales et terrestres dans les deux sens, sauf pour le cargo et le fret). Tous les cas enregistrés se concentrent en effet dans la capitale, troisième plus grande ville d’Afrique après Lagos et Le Caire, d’après les autorités sanitaires. Comme dans toutes les capitales du monde, les Kinois, notamment les fonctionnaires, se sont pressés aux banques pour avoir des liquidités.
- Afrique centrale, attention danger ! Le nombre d’infections au Covid-19 était en hausse jeudi en Afrique centrale, alors que certains pays de la sous-région mettent en place des mesures plus strictes pour lutter contre le nouveau coronavirus. Au Cameroun, le dernier bilan donné par le ministère de la Santé publique est de 88 cas confirmés repartis dans trois villes : Yaoundé (60), Douala (25) et Bafoussam (3). Ce total comprend deux décès et deux guérisons. La transmission locale s’est aggravée en Guinée équatoriale, précisément dans la ville portuaire de Bata, capitale économique du pays. Le ministère de la Santé et du Bien-Être social a ainsi annoncé jeudi une nouvelle patiente, une Équato-Guinéenne de 105 ans qui a eu d’étroits contacts avec le neuvième cas du pays. Ce petit pays d’Afrique centrale compte désormais douze cas au total, dont neuf cas importés et trois cas d’infection locale, ces derniers ayant tous eu des contacts avec le neuvième cas. Au Tchad, le gouvernement a annoncé jeudi soir deux nouveaux cas, portant le total des contaminations à cinq. Il s’agit d’un Tchadien de 48 ans et d’un Camerounais de 55 ans, arrivés au Tchad le 17 mars en provenance respectivement de Dubai et de Bruxelles via Addis-Abeba, selon un communiqué du gouvernement.
- Et les sanctions ? En Centrafrique, qui compte à ce jour cinq cas, des mesures plus contraignantes ont été prises. Dans un message télévisé prononcé jeudi soir, le président Faustin-Archange Touadéra a dit suspendre pour 15 jours renouvelables l’entrée de tout voyageur non-centrafricain en provenance des pays à transmission locale, à l’exception des diplomates et des humanitaires. Les écoles et les lieux de loisirs seront fermés pour la même période et tout rassemblement public de plus de 15 personnes est également interdit. Le gouvernement camerounais a également décidé un durcissement des sanctions contre toute personne violant les mesures prises par les autorités avec une menace de poursuite judiciaire. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute a considéré mardi soir le non-respect de la distanciation sociale imposée par les autorités comme à l’origine de la propagation du virus au Cameroun. Le Cameroun et la Guinée équatoriale ont par ailleurs reçu jeudi des fournitures médicales offertes par la Fondation Jack Ma, le fondateur du géant de l’e-commerce Alibaba. Comme pour chacun des 54 pays africains, ce don de la Chine comprend 100 000 masques médicaux, 20 000 kits de dépistage et 1 000 combinaisons de protection et masques faciaux. « Ce matériel va permettre de protéger la vie du personnel sanitaire engagé dans la lutte contre le Covid-19 », s’est félicitée la secrétaire générale du ministère camerounais de la Santé publique, Sinatha Koulla-Shiro, qui a réceptionné ce don au nom de son gouvernement.
Avec Le Point Afrique